les TRansat du FerRy (souvenir d'été)


Il paraît que sur les ferry (ferries) les gens s'ennuient. Contempler la mer, ça irait cinq minutes. En réalité ce que veulent les gens, c'est s'allonger sur un transat et plonger le nez dans le dernier numéro de Gala, je peux en témoigner personnellement. Mais on dirait qu'ils s'ennuient quand même.

Mon chéri et moi, nous nous croyons toujours plus malins : s'ennuyer en mer, très peu pour nous! Ainsi, pour la soirée à bord, nous avons choisi le restaurant CHIC pour un dîner romantique. Le serveur nous a désigné d'un doigt fourbu une table garnie d'une belle nappe ex-blanche sur laquelle de multiples traces topographiques rappelaient opportunément que nous étions en voyage. Lorsqu'il nous a apporté le menu j'ai vu que son plastron noir et blanc se languissait de ses cousins les pingouins, qui trébuchent dans la boue des lointaines Malouines, je veux dire Falklands, non, Malvinas.

Dans l'oeil de notre serveur un volcan s'était éteint depuis quelques millions d'années, mais au fond de cette obscurité rétinienne luisait faiblement son désir de se foutre à l'eau juste avant de prendre la commande, ou peut-être juste après. Nous avons fait de notre mieux pour lui communiquer notre gaieté.

Le vin a fini par arriver sur la table, allez savoir comment. Lorsque nous avons trinqué, nous avons eu de la chance : quelques gouttes ayant jailli du verre, l'effet subséquent sur la nappe nous a convaincu de nous contenter d'un bon verre d'eau, car, qui voudrait voire ses dents se fissurer et sa langue se dissoudre dans un dîner en tête-à-tête ? Les pâtes étaient acceptables, un mignon bouquet de basilic trônait sur la sauce de la vénérable maison Hero. Dommage que la salade ait été récupérée sur un compost l'été d'avant.

A la fin, l'addition fut la seule chose relevée et piquante de ce dîner. Nous l'avalâmes sans broncher.

Après une bonne nuit de sommeil, direction le pont. A nous le soleil, à nous la douce vie.

En fait la Compagnie a trouvé un truc pour distraire son monde : une sorte de jeu des chaises musicales, sauf que les chaises sont des transats en plastique et qu'il n'y a pas de musique (à part les haut-le-coeur des haut-parleurs).



Le jeu est simple : on empile dans un coin un nombre de transats inférieur au nombre de passagers et on regarde ce qui se passe. S'ensuit une ruée sauvage sous des airs policés. Distrayant - pendant cinq minutes - car ensuite il ne reste pas un seul transat disponible. Comme la traversée est longue, les moins dégourdis sont condamnés à creuser leur sciatique sur le rebord de la piscine vide ou à faire durer un coca tiède dans la cafétéria toc. Moi ce qui me plaît, c'est d'observer avec mon appareil photo les plus dégourdis car ils ont chacun leur style. Quelques exemples de style :

La pile est encore haute. Les premiers installés font semblant d'avoir toujours été là. Ils se vautrent, mais quel cul-haut !



"Brancardier de la Croix Rouge"        "Mémé et son déambulateur" :

      


"Un homme et un couffin"                                        "Hélicoptère, décollage à la verticale"      


"Dernier hommage, bascule du corps à la mer"            "Chasse-neige"


     


Les heureux dégourdis préfèrent mourir d'insolation plutôt que céder leur transat.



AH,AH, et qui c'est qui m'a gardé un beau transat ?


Contact

CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage.
CAPTCHA visuel
Entrez les caractères (sans espace) affichés dans l'image.