Les indignés à la Bastille

 " Paris réveille-toi " exhortait une banderole.  " Si vous nous empêchez de rêver, nous vous empêcherons de dormir " lisait-on sur un morceau de carton.


L'autre dimanche, par un éclatant soleil et une chaleur opportunément ibérique, les jeunes espagnols du mouvement des "indignados" de la Plaza del Sol à Madrid s'invitaient sur la Place de la Bastille à Paris et appelaient les jeunes français à les rejoindre.

J'y suis allée en voisine avec mon appareil de photo, j'ai pris quelques clichés, certains jeunes ont même gracieusement posé. Dans la foule on entendait surtout parler français. Ils sont restés ensemble tout l'après-midi sous un soleil de plomb, dans une ambiance festive et décontractée.


Que demandent-t-ils ? Une démocratie " vraie ", " réelle ", une économie plus équitable et le respect des ressources naturelles.

Alors quoi, est-ce qu'ils sont géniaux ou sottement naïfs ? Ils veulent tout-ça-rien-que-ça, en restant assis ensemble, à camper sur les places ? Hors partis, hors grèves, hors manifs classiques, juste à camper sur les places ?

En tous cas, ils affirment avec force que nos sociétés démocratiques se paient de mots et que derrière la façade civilisée, derrière les quelques grands rendez-vous électoraux drivés par les maîtres en communication, derrière le swing des marchandises et des loisirs,  règne le violent credo du " chacun pour sa gueule " avec l'argent comme but et valeur suprême.  Au point d'offrir un avenir tout bouché à leur génération.


 

Faire nombre et s'incruster, casser le ronron politique, forcer le changement, voilà, de ce que je comprends, l'espoir de ce rassemblement, qui est à peine un mouvement, une force peut-être, peut-être, mais si fragile aujourd'hui qu'elle parait dérisoire.

Martine, François et toute la gauche en campagne seraient bien avisés de méditer sur un si grand désenchantement du politique doublé d'un si grand désir de peser sur le cours des choses.

Les autorités de la République étaient si effrayées par cette jeunesse joyeuse et pacifique qu'elles  avaient dépêché sur place une cohorte de cars de CRS pour boucler le secteur autour de l'opéra où la foule s'était rassemblée. Dès le milieu de l'après-midi les CRS dissuadaient plus ou moins activement les jeunes de rejoindre le périmètre du sit-in. L'autorisation de manifester courait jusqu'à 20 heures mais il était évident que la consigne donnée aux forces de l'ordre était d'empêcher à tout prix que ne s'installent des tentes à la Bastille. Pas de Plaza del Sol à Paris, que ce soit clair.

Le lendemain matin la place était vide, enfin pas vraiment, les cars de CRS étaient toujours présents.

  

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