Votez Mimi ?

Dimanche 18 mars, la Place de la Bastille a vu rouge. Rouge de calicots, drapeaux, banderolles, bonnets phrygiens, badges. Ah ça, personne n'avait peur du rouge dimanche à la Bastoche, les bêtes à corne étaient restées à l'écurie!

   

               

C'était la fête à Mimi! Vous ne connaissez pas ? Moi non plus, jusqu'à dimanche, mais les trottoirs m'ont renseignée. A la bombe fluo, "votez Mimi - 22 mai" ! A peine les sondages l'ont-ils positionné à 10% d'intentions de vote que le camarade Mélenchon reçoit l'hommage d'un sobriquet populaire que n'auraient pas dédaigné Tonton et Chichi.
      
                  

Par chance, j'étais passée sur la Place encore vide en cours de matinée, ce qui m'avait permis d'admirer la mise en place du décor "gauche de la gauche", le bazar des affiches, des fanions, les tags sur les trottoirs et les crachotements des tests de la sono. Les nombreuses familles Rom qui campent leur misère  sur la place avaient disparu comme par enchantement. Où, comment, quand ? Seuls deux SDF installés sur le trottoir avec leurs chiens conservaient à la Place un air de tous les jours. Tiens, un autre message sur le sol. Oups, une affichette avec la face trouée de Sarko, regardez par vous-mêmes. Il vaut mieux s'appeler Mimi par les temps qui courent.
   
                        

A 14h l'avant-garde du cortège partie de Nation passait devant notre porte, rue du Faubourg St-Antoine. A 15h c'était un fleuve et à 16h sur la Place nous étions "pris" dans la foule comme des fers dans leur béton. Plus un mouvement possible. Sauf peut-être agiter les bras devant son propre nez, le coude dans l'oeil du voisin. Par contre on pouvait toujours chanter, crier et rigoler. "Résistance, Résistance" scandait la foule. Des chanteurs se succédèrent sur la scène pour ambiancer et faire durer un peu tout ça, avant que Mimi-Lenchon, pardon Jean-Luc Mélenchon ne délivre son message, à moins qu'il ne nous délivre par son message ou encore que par son message délivrés nous soyons.
                                                                  

Ce fut un sacré moment, cette foule immense à la Bastille, le jour anniversaire de la Commune de Paris, et surtout pour lui sans doute, passionné de symboles comme il l'est! En tous cas il n'a pas boudé son plaisir et c'est tant mieux pour nous, car son discours fut un morceau de bravoure, lyrique à souhait, et la preuve que Mélenchon est un type chouette, c'est qu'il a même su faire court!
              

Il n'a pas manqué de citer les glorieux moments d'Histoire du peuple ( peuple de France comme dirait Sarko-démago) dont la Bastille est symbole et point de ralliement. Moi j'aime ça, cette convocation des anciens grands jours où les hommes, sortis de leur ornière habituelle, sont allés jeter leur vie sur le pavé pour forcer l'Histoire. Je trouve que c'est une bonne chose de faire sentir aux gens leurs racines communes, même si ce sont des histoires de sang et de déchirement, des histoires de bourreaux et de victimes. Les fils du roi et ceux de Danton sont bien les héritiers d'une histoire commune. Il en va de même pour ceux de Pétain et de Jean Moulin, de Thiers et de Louise Michel, même si les mémoires divergent selon l'un ou l'autre côté de la barrière. Disons que l'on peut espérer que la conscience d'une histoire commune produise du lien au sein d'une nation ou d'une autre entité, une sorte de sédiment sur lequel on peut faire pousser des choses. Bon, c'est moi qui dit cela, Mimi il a parlé d'autre chose, c'est sur youtube pour ceux que ça intéresse.

Bref, c'est sûr que Mélenchon use et abuse des métaphores héroïques pour appeler les citoyens à aller bien modestement glisser un bulletin dans l'urne. Le vocabulaire regorge de "révolution" "d'insurrection civique", de "résistance". Dans un autre registre verbal, on pourrait presque dire qu'il "se la pète grave" et qu'il veut symboliquement faire passer l'électeur pour un accoucheur d'Histoire. C'est peut-être cela le populisme ? Mais qu'importe, il n'a pas son pareil pour botter le cul au statu quo et faire naître un désir d'être ensemble et de croire que le monde pourrait, quand même et malgré tout, changer un peu. J'avais trouvé un autocollant qui disait " Utopistes debout" et j'ai eu bien du plaisir à l'arborer tout l'après-midi!

Dimanche, on a senti comme un désir de délivrance flotter sur la Place de la Bastille.

                       


 

 

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